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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

que Dieu est ou existe [1]. » Car nous ne pouvons être assurés que Dieu est, sinon parceque nous concevons cela très clairement et très distinctement ; donc, auparavant que d’être assurés de l’existence de Dieu, nous devons être assurés que toutes les choses que nous concevons clairement et distinctement sont toutes vraies.

J’ajouterai une chose qui m’étoit échappée, c’est à savoir que cette proposition me semble fausse que M. Descartes donne pour une vérité très constante, à savoir que « [2] rien ne peut être en lui, en tant qu’il est une chose qui pense, dont il n’ait connoissance. » Car par ce mot, en lui, en tant qu’il est une chose qui pense, il n’entend autre chose que son esprit, en tant qu’il est distingué du corps. Mais qui ne voit qu’il peut y avoir plusieurs choses en l’esprit dont l’esprit même n’ait aucune connoissance ? par exemple, l’esprit d’un enfant qui est dans le ventre de sa mère a bien la vertu ou la faculté de penser, mais il n’en a pas connoissance. Je passe sous silence un grand nombre de semblables choses.

DES CHOSES QUI PEUVENT ARRÊTER LES THÉOLOGIENS.

Enfin, pour finir un discours qui n’est déjà que trop ennuyeux, je veux ici traiter les choses le plus brièvement qu’il me sera possible, et à ce

  1. Voy. Médit., V, t. I, p. 318.
  2. Voy. Médit., III, t. I, p. 286.