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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

que je ne puis être par moi-même, d’autant que « si je me donnois l’être, je me donnerois aussi toutes les perfections dont je trouve en moi quelque idée. » Mais l’auteur des premières objections réplique fort subtilement : [1] Être par soi, ne doit pas être pris positivement, mais négativement, en sorte que ce soit le même que n’être pas par autrui. « Or, ajoute-t-il, si quelque chose est par soi, c’est-à-dire non par autrui, comment prouverez-vous pour cela qu’elle comprend tout, et qu’elle est infinie ? Car à présent je ne vous écoute point si vous dites, puisqu’elle est par soi, elle se sera aisément donné toutes choses, d’autant qu’elle n’est pas par soi comme par une cause, et qu’il ne lui a pas été possible, avant qu’elle fût, de prévoir ce qu’elle pourroit être, pour choisir ce qu’elle seroit après. »

Pour soudre cet argument, M. Descartes répond [2] que cette façon de parler, être par soi, ne doit pas être prise négativement, mais positivement, eu égard même à l’existence de Dieu ; en telle sorte que « Dieu fait en quelque façon la même chose à l’égard de soi-même, que la cause efficiente à l’égard de son effet. » Ce qui me semble un peu hardi, et n’être pas véritable.

C’est pourquoi je conviens en partie avec lui,

  1. Voyez les premières Objections, tome I, page 359.
  2. Voyez la réponse aux premières Objections, tome I, page 380.