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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

de sa façon de philosopher, de la réelle distinction de l’esprit d’avec le corps, son immortalité se conclut facilement, lorsqu’on m’a mis entre les mains un sommaire des six Méditations fait par le même auteur, qui, outre la grande lumière qu’il apporte à tout son ouvrage, contenoit sur ce sujet les mêmes raisons que j’avois méditées pour la solution de cette question.

Pour ce qui est des âmes des bêtes, il a déjà assez fait connoître en d’autres lieux que son opinion est qu’elles n’en ont point, mais bien seulement un corps figuré d’une certaine façon, et composé de plusieurs différents organes disposés de telle sorte que toutes les opérations que nous remarquons en elles peuvent être faites en lui et par lui.

Mais il y a lieu de craindre que cette opinion ne puisse pas trouver créance dans les esprits des hommes, si elle n’est soutenue et prouvée par de très fortes raisons. Car cela semble incroyable d’abord qu’il se puisse faire, sans le ministère d’aucune âme, que la lumière, par exemple, qui réfléchit d’un corps d’un loup dans les yeux d’une brebis, remue tellement les petits filets de ses nerfs optiques, qu’en vertu de ce mouvement, qui va jusqu’au cerveau, les esprits animaux soient répandus dans ses nerfs en la manière qui est requise pour faire que cette brebis prenne la fuite.

J’ajouterai seulement ici que j’approuve grande-