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D’où il arrive qu’il n’est pas tant en notre pouvoir de nous empêcher de faillir que de persévérer dans l’erreur, et que , pour examiner et corriger nos propres jugements, il n’est pas tant besoin que nous fassions violence à notre libre arbitre, qu’il est nécessaire que nous appliquions notre esprit à de plus claires connoissances, lesquelles ne manqueront jamais d’être suivies d’un meilleur et plus assuré jugement.

Vous concluez en exagérant le fruit que vous pouvez tirer de cette Méditation, et en même temps « vous prescrivez ce qu’il faut faire pour parvenir à la connoissance de la vérité, à laquelle vous dites que vous parviendrez infailliblement si vous vous arrêtez suffisamment sur toutes les choses que vous concevez parfaitement, et si vous les séparez des autres que vous ne concevez qu’avec confusion et obscurité. » Pour ceci il est non seulement vrai, mais encore tel que toute la précédente Méditation, sans laquelle cela a pu être compris , semble avoir été inutile et superflue. Mais remarquez cependant que la difficulté n’est pas de savoir si l’on doit concevoir les choses clairement et distinctement pour ne se point tromper, mais bien de savoir comment et par quelle méthode on peut reconnoître qu’on a une intelligence si claire et si distincte qu’on soit assuré qu’elle

1 Voyez Méditation IV, tome I, page 308.