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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

Mais puisqu’il confesse lui-même que par l’argument qu’il a proposé dans son traité de la Méthode, la chose en est venue seulement à ce point, qu’il a été obligé d’exclure de la nature de son esprit tout ce qui est corporel et dépendant du corps, non pas eu égard à la vérité de la chose, mais seulement suivant l’ordre de sa pensée et de son raisonnement, en telle sorte que son sens étoit qu’il ne connoissoit rien qu’il sût appartenir à son essence, sinon qu’il étoit une chose qui pense, il est évident par cette réponse que la dispute en est encore aux mêmes termes, et partant que la question dont il nous promet la solution demeure encore en son entier : à savoir comment de ce qu’il ne connoît rien autre chose qui appartienne à son essence, sinon qu’il est une chose qui pense, il s’ensuit qu’il n’y a aussi rien autre chose qui en effet lui appartienne. Ce que toutefois je n’ai pu découvrir dans toute l’étendue de la seconde Méditation, tant j’ai l’esprit pesant et grossier ; mais, autant que je le puis conjecturer, il en vient à la preuve dans la sixième, pourcequ’il a cru qu’elle dépendoit de la connoissance claire et distincte de Dieu, qu’il ne s’étoit pas encore acquise dans la seconde Méditation : voici donc comment il prouve et décide cette difficulté.

[1] « Pource, dit-il, que je sais que toutes les cho-

  1. Voyez Méditation VI, tome I, page 331.