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longitudes. L’optique devient une science nouvelle, par les découvertes sublimes sur les couleurs. La Dioptrique de Descartes n’est plus la borne de l’esprit humain : l’art d’agrandir la vue s’étend ; on substitue, pour lire dans les cieux, les métaux aux verres, et la réflexion de la lumière à la réfraction. La chimie, qui auparavant étoit presque isolée, s’unit aux autres sciences ; on l’applique à la fois à la physique, à l’histoire naturelle et à la médecine. La circulation du sang, découverte par Harvey, embrassée et défendue par Descartes, devient la source d’une foule de vérités. Le mécanisme du corps humain est étudié avec plus de zèle et de succès : on découvre des vaisseaux inconnus et de nouveaux réservoirs. Borelli tente d’assujettir au calcul géométrique les mouvements des animaux. Leuwenhoeck, le microscope à la main, surprend ces atomes vivants qui semblent être les éléments de la vie de l’homme ; Ruisch perfectionne l’art de donner par des injections une nouvelle vie à ce qui est mort ; Malpighi transporte l’anatomie aux plantes, et remplit un projet que Descartes n’avoit pas eu le temps d’exécuter. Son génie respire encore après lui dans la métaphysique : c’est lui qui, dans Malebranche, démêle les erreurs de l’imagination et des sens ; c’est lui qui, dans Locke, combat et détruit les idées innées, fait l’analyse de l’esprit humain, et pose d’une main hardie les limites de