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moi, et de la faculté d’élire ou bien de mon libre arbitre. » Ce qui me semble avoir de la contradiction avec les choses qui ont été dites auparavant. Où il faut aussi remarquer que la liberté du franc arbitre est supposée sans être prouvée, quoique cette supposition soit contraire à l’opinion des calvinistes.


RÉPONSE.


Encore que pour faillir il soit besoin de la faculté de raisonner, ou pour mieux dire de juger, c’est-à-dire d’affirmer et de nier, d’autant que c’en est le défaut, il ne s’ensuit pas pour cela que ce défaut soit réel, non plus que l’aveuglement n’est pas appelé réel, quoique les pierres ne soient pas dites aveugles pour cela seulement qu’elles ne sont pas capables de voir. Et je suis étonné de n’avoir encore pu rencontrer dans toutes ces objections aucune conséquence qui me semblât être bien déduite de ses principes.

Je n’ai rien supposé ou avancé touchant la liberté que ce que nous ressentons tous les jours en nous-mêmes, et qui est très connu par la lumière naturelle : et je ne puis comprendre pourquoi il est dit ici que cela répugne ou a de la contradiction avec ce qui a été dit auparavant.

Mais encore que peut-être il y en ait plusieurs qui, lorsqu’ils considèrent la préordination de Dieu, ne peuvent comprendre comment notre li-