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aucun lieu de douter, ni pourquoi l’on me blâme ici d’obscurité.


OBJECTION IVe.

SUR LA SECONDE MÉDITATION.


[1] « Il faut donc que je demeure d’accord que je ne saurois pas même comprendre par mon imagination ce que c’est que ce morceau de cire, et qu’il n’y a que mon entendement seul qui le comprenne. »

Il y a grande différence entre imaginer, c’est-à dire avoir quelque idée, et concevoir de l’entendement, c’est-à-dire conclure en raisonnant que quelque chose est ou existe ; mais M. Descartes ne nous a pas expliqué en quoi ils diffèrent. Les anciens péripatéticiens ont aussi enseigné assez clairement que la substance ne s’aperçoit point par les sens, mais qu’elle se conçoit par la raison.

Que dirons-nous maintenant si peut-être le raisonnement n’est rien autre chose qu’un assemblage et un enchaînement de noms par ce mot est ? D’où il s’ensuivroit que par la raison nous ne concluons rien du tout touchant la nature des choses, mais seulement touchant leurs appellations, c’est-à-dire que par elle nous voyons simplement si nous assemblons bien ou mal les noms des choses, selon les conventions que nous avons faites à notre fan-

  1. Voyez Méditation ii, page 258