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vérité appartenir à la nature de cette chose. » Et ainsi elle ne contiendroit rien qu’une inutile et superflue répétition. Mais la majeure de mon argument a été telle : « Ce que clairement et distinctement nous concevons appartenir à la nature de quelque chose, cela peut être dit ou affirmé avec vérité de cette chose. » C’est-à-dire, si être animal appartient à l’essence ou à la nature de l’homme, on peut assurer que l’homme est animal ; si avoir les trois angles égaux à deux droits appartient à la nature du triangle rectiligne, on peut assurer que le triangle rectiligne a ses trois angles égaux à deux droits ; si exister appartient à la nature de Dieu, on peut assurer que Dieu existe, etc. Et la mineure a été telle : « Or est-il qu’il appartient à la nature de Dieu d’exister. » D’où il est évident qu’il faut conclure comme j’ai fait, c’est à savoir, « Donc on peut avec vérité assurer de Dieu qu’il existe ; » et non pas comme vous voulez, « Donc nous pouvons assurer avec vérité qu’il appartient à la nature de Dieu d’exister. » Et partant, pour user de l’exception que vous apportez ensuite, il vous eût fallu nier la majeure, et dire que ce que nous concevons clairement et distinctement appartenir à la nature de quelque chose ne peut pas pour cela être dit ou affirmé de cette chose, si ce n’est que sa nature soit possible ou ne répugne point. Mais voyez, je vous prie, la foiblesse de cette exception. Car, ou bien