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gles d’un triangle sont égaux à deux droits, quoique néanmoins il soit fort éloigné de croire l’existence de Dieu, puisqu’il la nie tout-à-fait ; parce, dit-il, que si Dieu existoit il y auroit un souverain être et un souverain bien, c’est-à-dire un infini ; or ce qui est infini en tout genre de perfection exclut toute autre chose que ce soit, non seulement toute sorte d’être et de bien, mais aussi toute sorte de non-être et de mal : et néanmoins il y a plusieurs êtres et plusieurs biens, comme aussi plusieurs non-êtres et plusieurs maux ; à laquelle objection nous jugeons à propos que vous répondiez, afin qu’il ne reste plus rien aux impies à objecter, et qui puisse servir de prétexte à leur impiété.

En quatrième lieu, vous niez[1] que Dieu puisse mentir ou décevoir ; quoique néanmoins il se trouve des scolastiques qui tiennent le contraire, comme Gabriel, Ariminensis, et quelques autres, qui pensent que Dieu ment, absolument parlant, c’est-à-dire qu’il signifie quelque chose aux hommes contre son intention et contre ce qu’il a décrété et résolu, comme lorsque, sans ajouter de condition, il dit aux Ninivites par son prophète : « Encore quarante jours, et Ninive sera subvertie. » Et lorsqu’il a dit plusieurs autres choses qui ne sont point arrivées, parcequ’il n’a pas voulu que telles paroles répon-

  1. Voyez Méditations III et IV, page 291 et page 294 .