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aussi il y a un centre universel, autour duquel sont rangés tous les systèmes de la nature. Mais où est-il, et dans quel point de l’espace ? Descartes place dans le soleil le centre du système auquel nous sommes attachés. Ce système est une des roues de la machine ; le soleil est le point d’appui. Cette grande roue embrasse dix-huit cent millions de lieues dans sa circonférence, à ne compter que jusqu’à l’orbe de Saturne. Que seroit-ce si on pouvoit suivre la marche excentrique des comètes ! Cette roue de l’univers doit communiquer à une roue voisine, dont la circonférence est peut-être plus grande encore ; celle-ci communique à une troisième, cette troisième à une autre, et ainsi de suite dans une progression infinie, jusqu’à celles qui sont bornées par les dernières limites de l’espace. Toutes, par la communication du mouvement, se balancent et se contre-balancent, agissent et réagissent l’une sur l’autre, se servent mutuellement de poids et de contre-poids, d’où résulte l’équilibre de chaque système, et, de chaque équilibre particulier, l’équilibre du monde. Telle est l’idée de cette grande machine, qui s’étend à plus de centaines de millions de lieues que l’imagination n’en peut concevoir, et dont toutes les roues sont des mondes combinés les uns avec les autres.

C’est cette machine que Descartes conçoit, et qu’il entreprend de créer avec trois lois de méca-