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ait conçu la grande idée de réunir toutes les sciences, et de les faire servir à la perfection l’une de l’autre. On a vu qu’il avoit transporté dans sa logique la méthode des géomètres ; il se servit de l’analyse logique pour perfectionner l’algèbre ; il appliqua ensuite l’algèbre à la géométrie, la géométrie et l’algèbre à la mécanique, et ces trois sciences combinées ensemble à l’astronomie. C’est donc à lui qu’on doit les premiers essais de l’application de la géométrie à la physique ; application qui a créé encore une science toute nouvelle. Armé de tant de forces réunies, Descartes marche à la nature ; il entreprend de déchirer ses voiles, et d’expliquer le système du monde. Voici un nouvel ordre de choses : voici des tableaux plus grands peut-être que ceux que présente l’histoire de toutes les nations et de tous les empires (17).

Qu’on me donne de la matière et du mouvement, dit Descartes, et je vais créer un monde. D’abord il s’élève par la pensée vers les cieux, et de là il embrasse l’univers d’un coup d’œil ; il voit le monde entier comme une seule et immense machine, dont les roues et les ressorts ont été disposés au commencement, de la manière la plus simple, par une main éternelle. Parmi cette quantité effroyable de corps et de mouvements, il cherche la disposition des centres. Chaque corps a son centre particulier, chaque système a son centre général. Sans doute