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j’examine toutes ces choses, d’autant plus clairement et distinctement je connois qu’elles sont vraies. Mais, enfin, que conclurai-je de tout cela ? C’est à savoir que, si la réalité ou perfection objective de quelqu’une de mes idées est telle que je connoisse clairement que cette même réalité ou perfection n’est point en moi ni formellement ni éminemment, et que par conséquent je ne puis moi-même en être la cause, il suit de là nécessairement que je ne suis pas seul dans le monde, mais qu’il y a encore quelque autre chose qui existe et qui est la cause de cette idée ; au lieu que, s’il ne se rencontre point en moi de telle idée, je n’aurai aucun argument qui me puisse convaincre et rendre certain de l’existence d’aucune autre chose que de moi-même, car je les ai tous soigneusement recherchés, et je n’en ai pu trouver aucun autre jusqu’à présent.

Or, entre toutes ces idées qui sont en moi, outre celles qui me représentent moi-même à moi-même, de laquelle il ne peut y avoir ici aucune difficulté, il y en a une autre qui me représente un Dieu, d’autres des choses corporelles et inanimées, d’autres des anges, d’autres des animaux, et d’autres enfin qui me représentent des hommes semblables à moi. Mais, pour ce qui regarde les idées qui me représentent d’autres hommes, ou des animaux, ou des anges, je conçois facilement