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Y rend à chaque pas l’esprit émerveillé.

J’ai longtemps gardé le silence,
Et vous devez l’interpréter
Comme une juste défiance
D’un homme qui n’osoit, Abbé, vous riposter ;
Car, en un mot, sans complaisance,
Sans vouloir ici vous flatter,
Je serois trop heureux de pouvoir imiter
Ce tour harmonieux, cette noble cadence
De vos Vers, qu’on m’entend à toute heure vanter.
Que vous me plaisez dans ces plaintes,
Dans ces allarmes si bien peintes,
Dans cette impatience, & cet espoir trompé !
Quand je vois dans vos Vers vos desirs & vos craintes,
J’éprouve, comme vous, de sensibles atteintes,
et des mêmes transports mon cœur est occupé.

La Fortune eut grand tort sans doute
De trahir cet espoir dont vous étiez charmé,
Mais la Déesse ne voit goute ;
Contre elle, sans raison, vous seriez animé.
Chaulieu, si quelque jour cette aveugle volage
De ses yeux peut avoir l’usage,
Tenez-vous assuré d’un traitement plus doux :
Entre tous les Amans qui lui rendent hommage,
Entre tous les Abbés qui briguent son suffrage,
Elle ne choisira que vous.
Faites de son humeur une épreuve nouvelle :
Après avoir été cruelle,