Page:Œuvres de Chaulieu (Pissot 1777) - Tome 1.djvu/78

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et si la faim qui la devance
Augmente ainsi qu’elle commence,
Les halles n’y suffiront pas ;
Et bien que chez toi l’Abondance,
Si familiere en tes repas,
Y fournisse cinquante plats
Des mets les plus exquis de France,
Tu verras ce prince glouton
Rendre facilement croyable
Tout ce que nous conte la fable
Du famélique Érésichthon[1] :
Avec combien d’impatience
Attendons-nous ce jour heureux,
Où de cet appétit fameux
Tu souffriras l’expérience !
Et[2] pour rendre encor plus pompeux

  1. Ou Érisichthon, étoit un des principaux Habitans de Thessalie. Pour avoir abattu une forêt consacrée à Cérès, il fut tourmenté d’une faim si cruelle, qu’après avoir mangé tout son bien, & vendu plusieurs fois, sous différentes formes, sa propre fille Métra, à qui Neptune avoit accordé le pouvoir de se métamorphoser, il fut enfin réduit à se dévorer lui-même.
  2. À la place des trois Vers qui suivent, S. Marc a mis ces deux-ci :
    Si tu veux qu’il ne manque rien
    À cette célebre journée, &c.