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C’est toi[1] qui fais ces beaux Romans
Qui, toujours loin de la Nature,
Par leur vaine et folle lecture
Font tourner la tête aux Amans :
Les pigeons et les tourterelles
Savent se plaire et se charmer ;
Fut-il quelque Ovide pour elles
Qui fit jamais un Art d’aimer ?

C’est dans ce Livre détestable
Où paroît ta corruption
Qui, d’une douce passion,
A fait un Art abominable ;
Art d’où nous[2] vint en sa fureur
Ce monstre de coquetterie,
Et ce métier faux et trompeur
Qu’on appelle galanterie.

Mais[3] hélas ! insensiblement
Je suis un charme qui m’entraîne ;
Je sens que j’oublierai ma haine,
Si j’écris encore un moment.
Esprit, que je hais et qu’on aime,
Avec douleur je m’aperçoi,
Pour écrire contre toi-même,
Qu’on ne peut se passer de toi !

  1. De toi viennent tous ces Romans.
  2. Art d’où nous vient en sa faveur,
  3. Finissons : insensiblement.