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Quand, du battement de ses ailes
        La volage Divinité
        Portera ses faveurs nouvelles
        Chez un bien moins digne que toi.
Prêt à lui pardonner son manquement de foi,
Remets-lui les trésors dont ses mains infidelles
        T’avoient si richement doté ;
        Et foulant aux pieds ses largesses,
        Préfere à l’éclat des richesses
        Une honorable pauvreté.

C’est lors que tu verras la Troupe fugitive
De tous tes Complaisans disparoître à tes yeux,
        Et leur amitié trop craintive,
Qui te cherchoit partout, t’éviter en tous lieux :
À ces adversités oppose un front d’airain ;
        Reçois d’un visage serein
        La nouvelle de ta défaite :
        Fais une honorable retraite ;
Ne va point par des cris exhaler ta douleur,
D’aucun[1] emportement qu’elle ne soit suspecte ;
        Et que ton silence respecte
        L’injustice de ton malheur.
Étouffe dans ton cœur tout retour de tendresse
Vers un objet ingrat de ta tendre amitié ;
        Et chasse, comme une foiblesse,
L’indigne sentiment d’aller faire pitié ;
        

  1. Qu’elle soit sage & circonspecte.