Page:Œuvres de Chaulieu (Pissot 1777) - Tome 1.djvu/52

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admiré ; je m’y suis trop plu pour ne vous pas remercier. Que ne puis-je ici (pour vous rendre

    d’autre talent pour être Auteur & Poète, que l’envie de l’être, ne lui eût inspiré le mépris des Anciens & l’amour des Modernes, source de la corruption & de la décadence totale du Goût. Cette Lettre est adressée à Madame d’Aligre, femme en premières noces du petit-fils du Chancelier de ce nom, & en secondes noces de M. de Chevilly, Capitaine aux Gardes. Elle étoit fille de M. de Saint-Clair Turgot, Doyen du Conseil. M. de la Bruyère l’a célébrée dans ses Caracteres sous le nom d’Arténice, & c’est pour elle que l’Amour m’a dicté une infinité de Vers que j’ai faits. C’étoit en effet une des plus jolies femmes que j’aie connues, qui joignoit à une figure très-aimable la douceur de l’humeur & tout le brillant de l’esprit. Personne n’a jamais écrit mieux qu’elle, & peu aussi bien. Note de l’Auteur.

    Cette Lettre ne se trouve point dans l’édit. de St. M. Il en a pourtant eu connoissance, puisqu’elle est dans l’édit. de 1733, & que d’ailleurs il en parle dans une des Notes de la Pièce précédente. On l’a attribuée à tort au Marquis de la Fare. Il suffisoit, pour être assuré du contraire, de lire la première ligne de cette Lettre, & de prendre garde aux dates des deux Pièces qui y ont donné lieu. La première est de 1695, & la seconde de 1698. Comment concevoir que la Fare, intime ami de Chaulieu depuis vingt ans, n’ait vu ces Pièces que plus de trois ans après qu’elles ont été faites ?