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Doit enfin de la rime éviter la prison ;
Cette foule d’esprits dont brilloit ma pensée
Fait au plus maintenant un reste de raison.

Ainsi[1] pour éloigner ces vaines rêveries,
J’examine le cours et l’ordre des Saisons,
Et comment tous les ans à l’émail des prairies
Succèdent les trésors des fruits et des moissons.

Je contemple[2] à loisir cet amas de lumiere,
Ce brillant tourbillon, ce globe radieux ;
Et cherche s’il parcourt en effet sa carriere,
Ou si, sans se mouvoir, il éclaire les Cieux.

Puis delà tout-à-coup élevant ma pensée
Vers cet Être, du monde et Maître et Créateur,
Je me ris des erreurs d’une Secte insensée
Qui croit que le Hazard en peut être l’Auteur.

Ainsi coulent mes jours, sans soin,[3] loin de l’Envie,

    deux-ci dans le manuscrit du Prince d’Auvergne.
    Ce brillant, cet esprit, ce feu de ma pensée
    N’est plus que du bon sens, & qu’un peu de raison.

    Il n’y a rien dans nos manuscrits qui indique qu’ils aient été originairement ainsi.

  1. Pour bannir loin de moi.
  2. Je contemple tantôt.
  3. Sans soins & sans envie.