Tout respire à la Cour l’erreur et l’imposture :
Le Sage avant sa mort doit voir la vérité.
Allons chercher des lieux où la simple Nature
Riche[1] de ses biens seuls fait toute la beauté.
Là, pour ne point des Ans ignorer les injures,
Je consulte souvent le crystal d’un ruisseau ;
Mes rides s’y font voir : par ces vérités dures
J’accoutume mes sens à l’horreur du tombeau.
Cependant[2] quelquefois un reste de foiblesse
Rappellant à mon cœur quelques tendres desirs,
En dépit des leçons que me fait la Vieillesse,
Me laisse encor jouir de l’ombre des plaisirs.
Nos champs du siècle d’or conservent l’innocence :
Nous ne la devons point à la rigueur des Loix ;
La seule bonne foi nous met en assurance,
Et le guet ne fait point le calme de nos bois.
Ni[3] le marbre, ni l’or n’embellit nos fontaines ;
- ↑ Sans le secours de l’Art.
- ↑
Malgré moi cependant un reste de foiblesse,
Rappellant quelquefois de tendres souvenirs, &c, - ↑ Cette Stance est ainsi dans les trois manuscrits de Chaulieu qui sont sous nos yeux. Comme il ne s’y trouve aucune rature, il n’y a pas d’apparence que l’Auteur eût formé aucun projet de correction ainsi que le prétend S. Marc.