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Quand du bord de mon lit une voix menaçante,
Des volontés du ciel interprete[1] lassante,
Tremble, m’a-t-elle dit, redoute, malheureux,
Redoute un Dieu vengeur, un juge rigoureux ;
Tes crimes ont déjà lassé sa patience ;
Mais[2] vient enfin, et tes égaremens,
        Mis dans son austere balance,
Vont bientôt éprouver, sans grâce et sans clémence,
        La rigueur de ses jugemens.

Mon cœur à ce portrait ne connoît pas encore
Le Dieu que je chéris, ni celui que j’adore,
Ai-je dit : Eh ! mon Dieu n’est point un Dieu cruel ;
On ne voit point de sang ruisseler son Autel ;
C’est un Dieu bienfaisant, c’est un Dieu pitoyable,
Qui jamais à mes cris ne fut inexorable.
Pardonne alors, Seigneur, si, plein de tes bontés,
Je n’ai pu concevoir que mes fragilités,
Ni tous ces vains plaisirs qui passent comme un songe,
Pussent être l’objet de tes sévérités ;
Et si j’ai pu penser que tant de cruautés
Puniroient un peu trop la douceur[3] d’un mensonge.

  1. Interprète effrayante.

    Quoique Lassé revienne trois Vers ci-dessous, nous n’avons point fait difficulté de nous en tenir à la leçon de nos manuscrits.

  2. Il vient enfin ce Juge ce Dieu, &c,
  3. La douceur du mensonge.