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Tends-lui la main, quand sa raison s’oublie,
Pour le sauver d’un écueil dangereux,
Qu’il a trouvé dans les yeux de Silvie.
Quand tu verras, cher Abbé, ses beaux yeux,
Prends garde alors qu’imitant ma folie,
Malgré toi mon Rival, tu n’en sois amoureux.
Mais non, je connois la droiture
De ton esprit & de ton cœur.
Fidele ami, fidele à ton Maître Épicure,
Dans le parfait repos mettant tout ton bonheur,
Tu suis les Loix de la sage Nature,
Et braves les périls sans connoître la peur :
Ainsi tu la verras, Abbé, d’un œil tranquille ;
Et ta seule raison te servira d’asyle
Pour te sauver d’un regard enchanteur.
C’est de cette raison que j’attends mon secours.
Dis-moi cent fois que dans mes plus beaux jours,
Dans ma plus brillante jeunesse,
Je ne trouvois dans ma Maîtresse
Que des dehors trompeurs, que de lâches détours ;
Qu’après en avoir fait le trifte apprentissage,
Pourquoi d’un faux espoir me flattant à mon âge,
De nouveau m’embarquer dans de folles amours ?