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C’est Notre-Dame de la Garde,
Gouvernement commode et beau,
À qui suffit, pour toute garde,
Un suisse avec sa hallebarde
Peint sur la porte du château.

Ce fort est sur le sommet d’un rocher presque inaccessible, et si haut élevé, que s’il commandoit à tout ce qu’il voit au dessous de lui, la plupart du genre humain ne vivroit que sous son bon plaisir.

Aussi voyons-nous que nos rois,
En connoissant bien l’importance,
Pour le confier ont fait choix
Toujours de gens de conséquence,

De gens pour qui, dans les alarmes,
Le danger auroit eu des charmes,
De gens prêts à tout hasarder,
Qu’on eût vu long-temps commander,
Et dont le poil poudreux eût blanchi sous les armes33.

Une description magnifique, qu’on a faite autrefois de cette place, nous donna la curiosité de l’aller voir. Nous grimpâmes plus d’une heure avant que d’arriver à l’extrémité de cette montagne, où l’on est bien surpris de ne trouver qu’une méchante masure tremblante, prête à tomber au


33. Ce qu’on vient de lire et ce qui suit au sujet de Notre-Dame de la Garde est une raillerie contre Scudéri, gouverneur de cet ancien fort, dont il avoit fait une description magnifique. (Saint-Marc.)