Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La curiosité de savoir ce que c’étoit nous fit avancer plus avant. Tout le bas étoit plein de peuple, et les fenêtres remplies de personnes de qualité. Nous y connûmes un des principaux de la ville, qui nous fit entrer aussitôt dans le logis. Dans la chambre où il étoit, nous apprîmes qu’effectivement on alloit brûler d’Assouci pour un crime qui est en abomination parmi les femmes. Dans cette même chambre nous trouvâmes grand nombre de dames, qu’on nous dit être les plus polies, les plus qualifiées et les plus spirituelles de la ville, quoique pourtant elles ne fussent ni trop belles, ni trop bien mises. À leurs petites mignardises, leur parler gras et leurs discours extraordinaires, nous crûmes bientôt que c’étoit une assemblée des précieuses de Montpellier. Mais, bien qu’elles fissent de nouveaux efforts à cause de nous, elles ne paroissoient que des précieuses de campagne, et n’imitaient que faiblement les nôtres de Paris. Elles se mirent exprès sur le chapitre des beaux esprits, afin de nous faire voir ce qu’elles valoient par le commerce qu’elles ont avec eux. Il se commença donc une conversation assez plaisante.

Les unes disoient que Ménage
Avoit l’air et l’esprit galant ;
Que Chapelain n’étoit pas sage ;
Que Costar n’étoit pas pédant.

Les autres croyoient Monsieur de Scudéri

Un homme de fort bonne mine,
Vaillant, riche et toujours bien mis,