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de méchantes planches un torrent qui s’étoit fait de l’égout des eaux, large comme une rivière, Béziers, cette ville si propre et si bien située, nous fit voir un pays aussi beau que celui que nous venions de quitter étoit désagréable. Le lendemain, ayant traversé les Landes de Saint-Hubert et goûté les bons muscats de Loupian, nous vîmes Montpellier se présenter à nous, environné de ces plantades et de ces blanquètes que vous connoissez. Nous y abordâmes à travers mille boules de mail : car on joue là le long des chemins à la chicane. Dans la grande rue des parfumeurs, par où l’on entre d’abord, l’on croit être dans la boutique de Martial20, et cependant,

Bien que de cette belle ville
Viennent les meilleures senteurs,
Son terroir, en muscats fertile,
Ne lui produit jamais de fleurs.

Cette rue si parfumée conduit dans une grande place, où sont les meilleures hôtelleries. Mais nous fûmes bientôt épouvantés

De rencontrer en cette place
Un grand concours de populace.
Chacun y nommoit d’Assouci.
Il sera brûlé, Dieu merci,
Disoit une vieille bagasse.
Dieu veuille qu’autant on en fasse
À tous ceux qui vivent ainsi !


20. Marchand parfumeur de Paris.