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Fais qu’aucun de tous ces grands mets
Ne s’échappe à notre mémoire,

Et fais qu’on en parle à jamais.

Mais comme notre esprit s’abuse
De s’imaginer qu’aux festins
Puisse présider une muse,
Et qu’elle se connoisse en vins !

Non, non ; les doctes demoiselles
N’eurent jamais un bon morceau ;
Et ces vieilles sempiternelles
Ne burent jamais que de l’eau.

À qui donc adresser ses vœux
En des occasions pareilles ?
Est-ce à Come ? Est-ce au dieu des treilles ?
Ou bien seroit-ce à tous les deux ?

Mais, pour rimer, Bacchus et Come
Sont des Dieux de peu de secours ;
Et jamais, de mémoire d’homme,
On ne leur fit un tel discours.

Tout nous manque au besoin, et de notre chef nous n’oserions entreprendre une si grande affaire. Il faut donc nous contenter de vous dire que jamais on ne vit rien de si splendide, et nous eussions cru Toulouse, ce lieu si renommé pour la bonne chère, épuisé pour jamais de toute sorte de gibier, si l’un de vos amis et des nôtres ne nous eût encore le lendemain, dans un dîner, fait admirer cette ville comme un prodige pour la quantité de bonnes choses qu’elle fournit. Vous devi-