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tes, passe maintenant les nuits au lansquenet. Toutes les femmes de la ville sont devenues joueuses pour lui plaire ; elles viennent régulièrement chez elle pour la divertir, et qui veut voir une belle assemblée n’a qu’à lui rendre visite. Mademoiselle Du Pin se trouve toujours là bien à-propos pour entretenir ceux qui n’aiment point le jeu. En vérité, sa conversation est si fine et si spirituelle, que ce ne sont point les plus mal partagés. C’est là que messieurs les Gascons apprennent le bel air et la belle façon de parler ;

Mais cette agréable Du Pin,
Qui dans sa manière est unique,
A l’esprit méchant et bien fin,
Et, si jamais Gascon s’en pique,
Gascon fera mauvaise fin.

Au reste, sans faire ici les goguenards sur messieurs les Gascons, puisque Gascons y a, nous commencions nous-mêmes à courir quelque risque ; et notre retraite un peu précipitée ne fut pas mal à propos. Voyez pourtant quel malheur ! Nous nous sauvons de Bordeaux pour donner deux jours après dans Agen ;

Agen, cette ville fameuse,
De tant de belles le séjour,
Si fatale et si dangereuse
Aux cœurs sensibles à l’amour.

Dès qu’on en approche l’entrée,
On doit bien prendre garde à soi :
Car tel y va de bonne foi