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gentines ; cela ne vaut rien. Despréaux répartit : Tais-toi, tu es ivre. Chapelle répliqua : Je ne suis pas si ivre de vin que tu es ivre de tes vers. Leur dialogue fut plaisant, et M. d’Elbéne, qui avoit du goût, prit le parti de Chapelle. Il étoit tard quand Despréaux et Puymorin se retirèrent, et je me couchai. Chapelle et M. d’Elbéne demeurèrent près du feu, se mirent à plaisanter sur le mot d’argentine, et dirent mille choses sur ce sujet qui m’empêchoient de dormir, mais qui me divertissoient beaucoup. »

J’ai dit que cette anecdote me paraissoit rendre parfaitement le caractère des rapports de Chapelle avec Boileau, Molière, etc. J’ajouterai qu’elle explique très bien aussi à quel titre ces hommes de génie daignoient le consulter quelquefois sur leurs écrits. Certes, dans ce cas particulier, la raison comme la postérité ont donné tort à Chapelle ; mais reportons-nous au temps. Cette expression voix argentines, laquelle rend merveilleusement le son des cloches de petite dimension, étoit alors une expression hardie, qui, trouvée par le génie de Boileau, pouvoit bien, en dépassant celui de quelques uns de ses amis, effaroucher un goût un peu timoré. En effet, ne semble-t-il pas entendre un classique des plus distingués de 1820 critiquant telle expression, quelque peu hasardée, de M.