Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/32

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Brissac et lui dit avec quelque embarras, mais avec résolution, qu’il lui est impossible de l’accompagner plus loin ; que, la veille, il a trouvé, sur la table du chanoine son ami, un vieux Plutarque, où il a lu, à l’ouverture du livre : Qui suit les grands serf devient. Le duc de Brissac repousse de toutes ses forces un pareil rapprochement ; il lui dit que cela ne peut s’entendre d’un ami particulier, que Chapelle est le sien, qu’il sera maître absolu chez lui, et qu’il ne sera permis à personne d’y troubler sa liberté. Il eut beau insister, Chapelle répondit toujours : « Cela ne vient pas de moi ; c’est Plutarque qui l’a dit, mais je trouve que Plutarque a raison. » Et, cela disant, il prit congé du duc de Brissac et repartit pour Paris.

J’accepte très volontiers ceci comme trait de caractère, puisque Chapelle, alors, étoit vraisemblablement à jeun, ou à peu près. Seulement, je suis disposé à croire, pour ne pas le charger de ce qu’il peut y avoir d’un peu outré dans cette anecdote, que, pendant les quelques jours de tête à tête qui avoient précédé, le duc de Brissac avoit bien pu, de manière ou d’autre, lui fournir l’occasion d’appliquer la maxime de Plutarque, et qu’il l’avoit fait intervenir ainsi, moitié figue, moitié raisin, pour mettre fin, en ce qui le concernoit, à ce voyage, sans le faire trop sérieusement.