Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Certes, s’il y a eu quelque fondement à cette histoire tant rebattue, je ne croirai jamais qu’à une de ces plaisanteries poussées à l’excès que l’on fait parfois dans l’ivresse, comme certains fous, mendiants des rues, pour augmenter l’intérêt en leur faveur, feignent d’être plus fous encore qu’ils ne le sont véritablement.

Cependant je sens bien que je ne puis pas rendre compte d’une vie qui s’est passée tout entière en anecdotes et n’en donner aucune au lecteur. Je vais donc reproduire ici celles qui me sembleront le plus vraisemblables, et qui sont peut-être, en même temps, le plus véritablement gaies. Ainsi, sans m’arrêter à l’originalité un peu forcée du fait, je commence par celui qui, selon toutes les apparences, a eu lieu le matin et avant boire, comme on disoit dans ce temps-là.

Le duc de Brissac, allant passer une saison dans ses terres d’Anjou, obtint de la paresse de Chapelle qu’il iroit l’y passer avec lui. L’on part de Paris, et, après quelques jours de route, c’est Angers qui est le point de repos, où, arrivés d’assez bonne heure, ils doivent dîner et coucher. Chapelle profite de l’occasion pour aller voir une de ses anciennes connoissances, chanoine de la cathédrale. Il dîne chez lui et y passe le reste de la soirée. Le lendemain matin, au moment du départ, il va trouver le duc de