Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’occupation fixe, Chapelle s’est trouvé d’un seul coup, sans s’en douter, au nombre des écrivains notables de notre langue, à peu près comme Mme de Sévigné, toute proportion gardée, en ne songeant qu’à exprimer, sans aucun effort, sa tendresse maternelle, et à conter, comme elle les apprenoit, les historiettes du temps, s’est trouvée un beau matin à la tête de tous les épistolaires françois.

Chapelle a besoin d’aller prendre les eaux d’Encausse, au pied des Pyrénées ; c’étoit en septembre 1656. Saint-Marc a fait d’innombrables rapprochements pour fixer avec précision cette date, et il me paroît y être parvenu. Le Coigneux de Bachaumont est obligé de faire le même voyage ; ils sont du même monde, ils sont amis, et s’arrangent pour le faire ensemble. Soit avant de partir, soit après être partis, l’idée leur vient de le raconter, moitié prose moitié vers, aux deux frères du Broussin, autres amis des lettres, et surtout du plaisir, qu’ils avoient laissés à Paris. Que falloit-il pour faire une narration plus ou moins agréable ? Beaucoup d’esprit, beaucoup de gaîté ; il falloit surtout beaucoup de naturel. Les deux amis avoient un grand fonds de toutes ces bonnes choses, et ce fut ainsi qu’ils donnèrent, comme en se jouant, au monde des lettres,

....Le récit de ce voyage,