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Aussi quand Dieu vit sur la Terre et l’Onde
Tout par l’envie en désolation,
Enfin touché de la compassion
Qui dans son sein pour nous toujours abonde,
Il résolut que, pour calmer le Monde,
Il y falloit une sainte union.
Dans ce dessein sa bonté paternelle
En tous lieux roule et sur tous les pays
Sa clairvoyante et lointaine prunelle,
Dont la princesse il découvre à Paris,
Où, contemplant la royale pucelle :
« Non, le Ciel n’a, dit-il, dans son pourpris
Rien de si beau, rien de si noble qu’elle. »

Lors il voulut descendre dans son cœur,
Et de nos lys y trouvant l’innocence,
Il la jugea la digne récompense
Qu’au jeune roi devoit le roi vainqueur,
Et ne crut pas sa sage Providence
Mieux pouvoir rendre aux chrétiens leur bonheur.
D’un seul clin d’œil, dont le pôle chancelle,
Il fait venir un de ses purs esprits,
Lui parle ainsi : « Va joindre à tire d’aile
Des Espagnols le monarque, et lui dis :
Dieu t’offre en France une épouse, mais telle,
Que de Goa n’est jusques à Cadix
Rien de si beau, rien de si noble qu’elle.

» Son âme aspire à cette piété
Dont ta maison croit tenir sa puissance ;
Sur son front prend sa chaste résidence
Un air d’auguste et douce majesté,