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Notre Europe attend son destin !
En effet, comme moi, qui n’eût
Mal auguré, par le début,
Du reste de ta destinée ?
Te souvient-il bien comme il plut ?
Telle et si rude matinée,
Au plus beau mois de notre année
Jamais du voyageur n’émut
L’âme à si bon droit mutinée ;
Non, depuis qu’au seigneur il plut
De noyer l’humaine lignée,
Tant d’eau sur la terre il ne chut.
Au seul bruit dont il me parut
Qu’il pleuvoit dans ma cheminée,
Je crus qu’une pluie obstinée
Et suivre et conduire te dût
Jusqu’à ta route terminée ;
À moins qu’en faveur d’Hyménée,
Le ciel castillan ne voulût
T’offrir quelque heureuse journée.
Car, d’entre nous pas un ne crut
Qu’un si grand changement se pût
Faire ici dès l’après-dînée.
Et cependant à peine fut
Par nos cloches carillonnée
L’heure à repaître destinée,
Que Phébus, gagnant le dessus,
Et le haut du céleste étage,
Y fit luire un si clair visage,
Que, de tous côtés épandus,
Ses traits percèrent le nuage ;
Ce qui me remit le courage.