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Gâtent mes plus belles sciences ;
Et, pour l’éclipsé à quoi tu penses,
Je te vais faire voir en peu
Que ces forgeurs d’extravagances
Tirent cent fausses conséquences

D’une chose qui n’est qu’un jeu.

Sache que ce jour-là mon père
Fit à déjeuner si grand’chère,
Et trouva si bon le nectar,
Que Môme, le dieu des Sornettes,
Le voyant être un peu gaillard
Et dans ses humeurs de goguettes,
Lui proposa que les planètes
Jouassent à Colin-Maillard.

« À Colin-Maillard ! dit le maître
Du char brillant et lumineux.
Si, par malheur, je l’allois être,
Tous les hommes sont si peureux
Qu’ils se croiroient morts quand mes feux
Commenceroient à disparoître.
Chacun fermeroit sa fenêtre,
Et Morin, le plus fou d’entre eux,
En prédiroit quelque bicêtre1  ».

« Quoi ! tu veux conclure par là,
Répond le grand dieu qui foudroie,


1. Jean-Baptiste Morin, professeur royal en philosophie et célèbre mathématicien, fort entêté de l’astrologie judiciaire. (S.-Marc.)