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M’en offre un, propre à mon désir.
Le plus déterminé courage
Ne peut, sans d’horreur se saisir,
Regarder le plus bas étage.
La Loire, le vent et l’orage
L’ont vu, depuis le premier âge,
De mousse et d’écume moisir,
Plutôt que céder à leur rage.
À tout désespéré bien sage
Il semblera fait à plaisir,
Et son nom d’un heureux présage
S’accorde à mon fervent désir
D’obtenir des flots l’avantage
D’être poussé juste au rivage
Que vous avez daigné choisir

Pour y recevoir leur hommage.

Mais, comme ce fleuve abandonne
(Et, qui pis est, surtout l’automne)
Les plus beaux et charmants endroits,
J’ai, ma foi, peur, et je soupçonne
Qu’un quiproquo, dont je frissonne,
Pourroit bien, sans ordre et sans choix,
Contre le droit, contre les lois,
Qu’en pareil cas l’amour ordonne,
Exposer mes os nus et froids
Quelque part aux Sables d’Olonne,
Plus loin même, au bordiroquois ;
Où, pour une seconde fois,
Manquant votre aimable présence,
Je me redésespérerois.
Votre Loire est un peu brouillonne ;