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LETTRE
Écrite de La Bourdaisière,
où Mme de Pelissari l’avoit amené de Véret, et où il avoit
quitté Mme de Valentiné, à laquelle il adresse cette Lettre.

Madame, qu’il m’a coûté cher
Cet adieu sur le bord du Cher,
Dont l’indifférente manière
Ne me put lors jamais cacher
Combien j’avois à me fâcher
Contre ma bonté coutumière,
Qui me fait toujours relâcher
Si vite à la moindre prière !
L’heure que, trop aimable et fière,
Je vous vis brusquement marcher
Et passer, sans moi, la rivière,
Devoit bien être ma dernière.
Si j’ai su me le reprocher,
J’en prends à témoin la lumière
De l’astre qui me vit coucher
Et passer la nuit tout entière,
Sans pouvoir jamais attacher
Sur mes yeux mouillés ma paupière.
Non, ce n’a point été le bruit
De cent et cent tailleurs de pierre,
Ni l’abbé, dont le nez au lit
Gronde plus qu’au ciel le tonnerre ;