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Mon âme en ces lieux vagabonde
Ressent son extrême pouvoir ;
À peine avois-je dans le monde
Un plus grand désir de la voir.

Sans ce mal qui me fait la guerre,
J’aurois à souhait tous les biens ;
Dans les champs bienheureux où j’erre
Ce ne sont qu’Épicuriens.

Je crois que, pour voir cette belle,
Au point où mon feu me réduit,
Il faudra que dans sa ruelle
Je m’aille glisser quelque nuit.

Là je contemplerai ses charmes,
Redoutés pour tant de raisons,
Mais sans faire les grands vacarmes
Que nous autres esprits faisons.

Plus sage dans cette aventure,
À rien je ne m’échapperai,
Et renverser la couverture
Est tout le mal que je ferai.

Que si, contre mon espérance,
Je t’y trouvois, heureux Damon,
Pour satisfaire ma vengeance
Je ferois alors le démon.