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La Terre aussi, s’émerveillant
De voir de la céleste voûte
Lui manquer le secours brillant,
De crainte se cache en déroute ;
Et, partout aux yeux défaillant,
S’en va bientôt faire, sans doute,
Au peuple brute banqueroute,
Qui n’a plus, dans tout son vaillant,
Que l’écorce des bois qu’il broute.

Plus desséché qu’un hareng pec,
Le poisson meurt sous ces entraves ;
Pour mettre de quoi dans leur bec
Les oiseaux se font nos esclaves ;
Et nous-mêmes, sans choux ni raves,
Ne vivons, dans ce rude échec,
Que de ce dont Melchisédec
Reput Abraham et ses braves,
C’est-à-dire de beau pain sec
Et du bon gros vin de nos caves.

Abbé, long sera ce désordre,
Qui tout l’Univers a transi ;
Et nous va ce grand hiver-ci
Donner bien du fil à retordre.
Il a nos jardins endurci,
Et corrompu tous nos mets, si
Que qui peut y trouver à mordre
Au Ciel doit un beau grand merci.

Tenons-nous donc, toi dans Evreux,
Où soir et matin tu festines