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ÉPITAPHE D’UN CHIEN1.

Passant réfléchisseur, qui vois ce monument,
Dis-moi, puisque l’Amour fut éternellement,
        Pourquoi faut-il que la nature
        N’ait point fait d’éternel amant ?
    Un petit chien, dont j’écris l’aventure,
    Jadis d’amour fut un brasier ardent ;
Maintenant, chose étrange ! il est froid comme glace,
    Car il est mort ; grand bien lui fasse !
        Puisse-t-il être constellé,
        C’est-à-dire bien installé
        Au dessus du signe d’Hercule,
        Dans le ciel de la canicule !
Hélas ! combien de pleurs Amaryllis versa,
        Le jour fatal qu’il trépassa !
Elle auroit moins pleuré maint amant romanesque
        Qui de brûlant devient glacé
        Avant que d’être trépassé.


1. Cette pièce et la suivante sont imprimées sous le nom de Chapelle dans le Nouveau choix de poésies qui parut an 1715 en 2 vol. in-8º, recueil fait par Danchet.