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À ce plat on proportionne
Un peu de vache et de brebi ;
Si peu même qu’une fourmi
N’auroit pas, à ce qu’on nous donne,
De quoi se soûler à demi.

Le vin, grossier, rouge, insipide,
Ne peut qu’avec peine couler ;
Et je ne saurois avaler
Ce vilain cotignac liquide
Sans avoir peur de m’étrangler.

Ce petit dîner, je t’assure,
Nous tient demi-heure pourtant ;
Mais ne t’en étonne pas tant :
C’est que Bénédicité dure
Un quart d’heure, et Grâces autant.

Après dîner, c’est l’ordinaire,
Pour aider la digestion,
Il y a récréation,
Où l’on emploie une heure entière
En quelque conversation.

Ces conversations chrétiennes,
Vraiment dignes de ces oisons,
Sont, par mille sottes raisons,
De me prouver que les antiennes
Valent mieux que les oraisons.

Que tous les jours ma faim soit grande,
Mon dîner te le fait juger ;