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Ah ! quel bonheur si dans un ermitage
Nous trouvions là quelque révérend mage,
Affable, humain et point rébarbatif,
Grand cabaliste et très spéculatif,
Surtout pratic, plus qu’onc ne fut Baïf,
De la Massore et son baragouinage ;
Qui nous apprît comment le grand roi Juif5
Faisoit des biens si gros amoncelage,
Qu’il doubla bien de David l’héritage ;
Et, loin d’en être indigne ou destructif,
Bâtit un temple à son douzain lignage,
Qu’il lui laissa tout couvert d’or massif !
Or te voilà dans l’heureux paysage,
Au Paradis terrestre relatif,
Où l’oiseau rare et d’unique plumage
Sur son bûcher, de soi reproductif,
Se vient brûler dans l’épurant chauffage
D’encens, de mirrhe et bois odoratif.
Veux-tu d’encens qu’on te mène au fourrage,
Puis regagner Paris, le gros village ?
Il s’y vend cher par qui n’est apprentif
D’en savoir faire un flatteur étalage.
Aimes-tu mieux, d’un cours consécutif,
Entrer au Golfe ou Sein6 qui du Calif
Reçut les lois et lui rendit hommage,
Pour le présent paie au Sophi carage,
Depuis Abas7, par ordre successif ?
Veux-tu, sans voir Ormus le maladif,


5. Salomon.

6. Le golfe Persique.

7. Le grand Abas, roi de Perse.