Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De quelque aimable et verdoyant bocage,
Où du serin de ces beaux lieux natif
Toujours résonne un musical ramage.
Là cent vaisseaux faire leur radoubage
Vont, et d’agrès nouveau réparatif
Qui dans la suite à propos les soulage :

Car du long cours c’est le fameux passage.

Veux-tu, comme eux, mais plus expéditif,
Passant la ligne au point définitif
Qui jour et nuit en douze heures partage,
Doubler le cap nommé de Bon Présage3
Parceque là cessa d’être pensif
Et se vit prêt d’avoir le pucelage
Du tour d’Afrique, à lui seul primitif,
Gama, qui mit ses princes hors de page,
Et leur conquit si vaste possessif
Dans l’Indostan et son archipélage ?
Veux-tu, laissant dans son chaud marécage
Le sale Caffre impudique et lascif,
Qui de ses pieds se sert au larronnage,
Et son voisin le pauvre Ethiopage
Qui son pays ne tient qu’en vasselage
Du Prêtre-Jean, chrétien assez métif,
Voir l’Érythrée4, où se tient le chérif,
Après avoir pris de lui quelque otage :
Car tu sais bien qu’on y brûle tout vif
Quiconque n’a d’un rasoir ou canif
De son prépuce accourci le pelage ?


3. Le cap de Bonne-Espérance.

4. La mer Rouge.