Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/183

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sur le taureau le joug de la charrue recourbée. C'est elle qui nourrit la vigne et renferma la liqueur exprimée du raisin, afin que la bouteille remplie par le père se vidât pour le fils. La paix met en honneur le soc et le hoyau, tandis que dans un coin obscur la rouille s'attache au glaive cruel du guerrier. Le laboureur, dont la sobriété est en défaut, ramène du bois sacré, sur un chariot, sa femme et ses enfants à sa chaumière. Mais alors la guerre s'allume entre les amants. La jeune fille éclate en plaintes contre le cruel qui lui a arraché les cheveux et a brisé sa porte. Les pleurs arrosent ses tendres joues meurtries ; mais le vainqueur lui-même verses des larmes de ce que son bras a si bien servi sa fureur. Cependant le folâtre Amour attise la querelle par les mots piquants qu'il suggère, et reste paisiblement assis entre les deux combattants irrités. Mais il faut être de pierre ou d'acier pour frapper la beauté qu'on aime ; c'est arracher les dieux de l'Olympe. Qu'on se contente de déchirer le léger vêtement qui couvre ses membres, de rompre les liens qui retiennent ses cheveux ; qu'on se contente de faire couler ses larmes : mille fois heureux celui qui dans sa colère peut voir pleurer une jeune fille. Mais celui dont la main est cruelle n'est propre qu'à porter le bouclier et le pieu : qu'il s'éloigne de la douce Vénus.