Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/182

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Dieux Lares, écartez de nous les traits d'airain, et pour victime je vous immolerai un porc arraché au troupeau qui remplit mon étable rustique. Je le suivrai avec un vêtement pur, des corbeilles couronnées de myrte dans les mains, et le myrte à moi-même me ceindra la tête. Puissé-je vous plaire ainsi ! qu'un autre signale son courage dans les combats ; favorisé de Mars, qu'il terrasse les généraux ennemis ; pour que je puisse en buvant entendre un soldat faire le récit de ses exploits, et le voir retracer, avec du vin, son camp sur la table. Quelle étrange fureur de courir sur les champs de bataille au-devant de la cruelle Mort ! elle a le bras levé, elle vient furtivement et sans bruit. Il n'y a dans l'empire souterrain ni moissons, ni riches vignobles ; on y voit le farouche Cerbère, et le hideux nocher du Styx. Là les joues meurtries, et les cheveux dévorés par les flammes, la pâle troupe des Ombres erre autour des lacs ténébreux. N'est-il pas mille fois plus digne d'envie le sort de celui que la vieillesse paresseuse surprend dans une humble chaumière entouré de ses enfants ? Il garde lui-même ses brebis, son fils fait paître les agneaux ; et son épouse fait tiédir l'eau pour le délasser de ses fatigues. Que ce bonheur soit le mien ! qu'il me soit permis de voir mes cheveux blanchir, de raconter dans ma vieillesse les histoires du vieux temps ! Cependant, que la paix féconde nos campagnes. C'est la paix bienfaisante qui la première fit peser