Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/180

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l'ivoire aux dents serrées ? Est-ce pour ce beau visage qu'elle se pare de bracelets d'or, qu'elle se montre vêtue de la pourpre de Tyr ? Non, ce n'est pas à toi qu'elle veut paraître jolie ; mais à quelque jeune amant auquel elle sacrifierait ta fortune et ta maison. Ce n'est point l'amour du vice qui l'entraîne ; mais des membres flétris par la goutte, les embrassements d'un vieillard mettent en fuite une élégante beauté.

Voilà cependant l'homme dont mon jeune ami a partagé la couche. Il serait capable, je crois, d'unir Vénus aux animaux féroces.

Et toi, as-tu bien osé vendre des caresses qui m'appartenaient ? porter follement à d'autres des baisers qui étaient à moi ? Tu pleureras quand un nouvel amant me tiendra dans ses fers, quand tu le verras régner en maître superbe sur un coeur qui s'était donné à toi. Puisse alors ta douleur faire ma joie ; pour marquer ma reconnaissance à Vénus, j'attacherai dans son temple une palme d'or sur la-quelle sera gravée mon aventure en ces termes :

DEGAGE DES LIENS D'UN PERFIDE, TIBULLE TE CONSACRE CETTE OFFRANDE ; SOIS-LUI PROPICE, ô DEESSE, IL T'EN CONJURE.


ÉLÉGIE X

Quel est le premier qui forgea la terrible épée ? c'était un coeur barbare, un coeur de fer. C'est lui qui fit connaître à la