Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/178

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de la séduction trahît son secret dans l'ivresse. Le dieu lui-même a voulu qu'il vous échappât dans le sommeil un mot qui révélât malgré vous le fait que vous taisiez.

Voilà les avis que je t'ai donnés ; maintenant je rougis de t'avoir parlé les larmes aux yeux, de m'être jeté à tes pieds. Alors tu me jurais que ni les monceaux d'or, ni les pierreries ne m'enlèveraient ta foi, dusses-tu recevoir, pour prix d'une complaisance, la Campanie entière, ou ce vignoble chéri de Bacchus, le territoire de Falerne. En entendant un pareil langage, je me serais laissé persuader qu'il n'y à point d'astres qui brillent aux cieux, point de route pour la foudre à travers les airs. Tu allais même jusqu'à pleurer : et moi, qui ne connais point la tromperie, j'étais assez crédule pour essuyer tes joues humides. Où t'arrêterais-tù donc, si tu n'aimais toi-même une jeune beauté ! Puisse-t-elle, c'est là mon voeu, imiter ta légèreté ! Combien de fois, pour que per-sonne ne fût témoin de vos entretiens, ne t'ai-je pas accompagné, au milieu de la nuit, un flambeau à la main ! Si, contre ton attente, souvent elle vint te visiter chez toi ; si, en rentrant, tu la trouvas cachée derrière la porte, c'est à moi que tu le dois. Je fis alors mon malheur par ma folle confiance en ton amour : car je pouvais mieux me mettre en garde contre tes pièges. Je fis