Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/171

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de ses tours, elle porte au loin ses regards sur la vaste plaine des mers, cette cité de Tyr, qui, la première, apprit à confier une barque aux vents ? Comment encore, pendant les chaleurs de la canicule, qui fendent la terre aride, le Nil fertilise les campagnes de ses eaux débordées ? Dieu du Nil, pourrais-je dire par quelle raison et en quel lieu tu caches ta source ? Grâce à toi, la terre où tu règnes n'appelle jamais les pluies ; jamais l'herbe desséchée ne demande à Jupiter sa rosée. Avec son Osiris, c'est toi que chante, c'est toi qu'admire cette jeunesse barbare que l'on instruit à pleurer le boeuf de Memphis.

Osiris est le premier dont la main industrieuse ait construit une charrue, et qui ait, avec le soc, déchiré le tendre sein de la terre. Il est le premier qui lui ait confié des semences dont elle n'avait point éprouvé la vertu, et qui ait cueilli des fruits sur des arbres inconnus. C'est lui qui enseigna à donner un appui à la vigne délicate, à la dépouiller avec le fer de sa verte chevelure. Le premier, il obtint le doux breuvage exprimé de la grappe mûre par un pied rustique ; cette liqueur qui apprit à donner à la voix de mélodieuses inflexions, à mouvoir ses membres au son cadencé des instruments. Le vin réconforta le laboureur fatigué d'un long travail, et chassa de son coeur