Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/169

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de bandelettes, ni ses pieds d'une longue robe. Je me soumets aux plus dures conditions ; je me condamne à ne pouvoir vanter une autre beauté sans qu'elle m'arrache les yeux. Si elle me croit coupable de quelque perfidie, je consens à me voir, malgré mon innocence, traîner par les cheveux du haut des rues escarpées. Les dieux me gardent de te frapper, Délie ! Si cependant la fureur m'égarait à ce point, je voudrais que la nature m'eût refusé des mains. Mais ne sois pas chaste par crainte ; qu'un tendre retour me conserve ta foi en mon absence. Celle que nul amant n'a trouvée fidèle, condamnée à l'indigence dans ses vieux ans, est réduite à tourner un fuseau d'une main tremblante, à nouer les fils d'une trame pour un chétif salaire, et à épurer, avec les dents de l'acier, une blanche toison. Les jeunes gens, se pressant autour d'elle, contemplent avec joie sa misère, et se disent qu'elle a mérité les maux qui accablent sa vieillesse. Vénus, du haut de l'Olympe, se plaît à voir couler ses larmes, et déclare qu'elle hait les infidèles. Mais puisse l'effet de ces malédictions tomber sur d'autres ! Pour nous, Délie, soyons encore en cheveux blancs un modèle de mutuelle tendresse.