Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/168

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déchirants. Elle-même se frappe violemment les bras à coups de hache, et, sans se faire aucun mal, elle arrose de sang l'autel de la déesse. Debout, le flanc percé d'un fer, et la poitrine déchirée, elle annonce les événements que la puissante Bellone lui révèle.

Respectez, a-t-elle dit, la beauté sur laquelle l'Amour veille ; n'attendez pas qu'un tardif, mais terrible châtiment vous instruise. Touche-la ; tu verras fuir ton opulence comme le sang qui coule de nos plaies, comme cette cendre que le vent emporte.

Et pour toi, ma Délie, elle a parlé de je ne sais quel châtiment ; si cependant tu te rends coupable, puisse la déesse te traiter avec indulgence ! mais si je t'épargne, ce n'est pas pour toi, c'est en faveur de ta mère, dont l'inappréciable complaisance désarme mon ressentiment. Elle t'amène près de moi dans les ténèbres ; toute tremblante, elle nous met secrètement et en silence dans les bras l'un de l'autre. Elle m'attend, la nuit, immobile à la porte, et quand j'arrive, elle me reconnaît de loin au bruit de mes pas. Vis longtemps pour moi, bonne vieille ; je voudrais qu'il me fût permis de mettre en commun mes années avec les tiennes.

Je t'aimerai toujours, toujours j'aimerai ta fille, à cause de toi : quoi qu'elle puisse faire, c'est ton sang. Mais apprends-lui à être chaste, bien que ses cheveux ne soient point embarrassés