Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/167

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n'aurai point à redouter que mes yeux me trompent. Plus d'une fois, sous prétexte d'admirer ses perles et son anneau, je me souviens de lui avoir pressé la main. Plus d'une fois je t'endormis avec le vin pur ; pour moi, je buvais sobrement, en mettant de l'eau au fond de la coupe, et la victoire me restait. Mais je ne t'ai point offensé à dessein, pardonne à mes aveux ; c'est l'Amour qui le voulait : comment lutter contre les dieux ? C'est moi, je ne rougirai pas de dire la vérité, c'est moi que, la nuit entière, poursuivais ton chien. Aussi, qu'as-tu besoin d'une jeune épouse ? Ah ! si tu ne sais pas veiller sur ton trésor, les verrous sont inutiles. Pendant que tu es dans ses bras, elle soupire pour un absent et feint de subites douleurs de tête. Mais laisse-moi le soin de la garder ; je me soumets à la verge cruelle, je suis prêt à me laisser charger les pieds de fers. Alors, bien loin d'ici quiconque cultive sa chevelure avec art, quiconque laisse flotter les plis ondoyants de sa robe ! Si quelqu'un se trouve sur son chemin, que, pour prévenir toute accusation, il s'arrête ou prenne une autre route. Tels sont les ordres du dieu lui-même ; tels sont les oracles que j'ai entendus de la bouche inspirée d'une auguste prêtresse.

Une fois qu'elle est agitée des transports de Bellone, elle ne craint, dans son délire, ni la flamme dévorante, ni les fouets